La maison d'Emile Smettin

La maison d'Emile Smettin

Emplacement: 

Rue Mottart Laloi

Historique: 

Les propriétaires de cette habitation de la rue Mottart-Laloi, dès les années 40, c'étaient les 3 soeurs Jamar, Emilie, Elise et Zélie. Elles habitent dans la petite cour en face de l'école, une demeure à droite de la maison patricienne habitée alors par la famille Collin (aujourd'hui propriété de M et Mme Mélotte) et à gauche de l'habitation de Charles et Jeanne Graindorge-Delhamende. La maison des 3 soeurs fait partie d'un ensemble qui aurait constitué un prieuré. Chaque semaine, à tour de rôle, une des soeurs reste à la maison pendant que les autres se rendent à la messe ou vont faire les courses. Le grand sport des Vinalmontoises derrière leur fenêtre, c'était de répondre à la question: qui est ce qui manque aujourd'hui? 

 

La maison, c'est en fait un petit complexe; il y a eu jusqu'à 3 ménages qui y ont vécu ensemble. Joseph Bolly, le garde champêtre, y a notamment vécu. 

La famille Pacolet a occupé l'habitation au fond du couloir central durant la période 1956-1961. 

Les enfants de l'école regardaient toujours d'un oeil admiratif Marcel Pacolet qui travaillait le long du talus de l'école : Marcel coupait les herbes à la faux, d'un geste large. Mais ce que tout le monde  attendait, c'était le battage de la faux. Quand la faux a perdu de son tranchant, il faut la "battre " : il faut amincir la bord tranchant de la lame en la frappant avec un marteau sur une enclumette puis l'aiguiser avec une pierre à aiguiser au grain fin. Spécialiste incontesté du battage de faux, Marcel Pacolet réalisait ce travail pour les voisins, les amis, ou les ouvriers communaux, en fait pour tout ceux qui devaient couper des herbes dans les prairies (pour la fenaison)  ou dans les pelouses ou les talus. 

 

Vers 1956-57, la petite maison, devant, était louée à une famille avec 3 ou 4 enfants dont la maman s’appelait Christiane…. Cette famille possédait...une roulotte qui était stationnée le long du mur à gauche.

Jean-Pierre Pacolet se souvient : « Ces personnes ont déménagé à Marchin et ont été remplacées par Lucien et Alexandrine Guillaume, les grands parents de Monique et Robert Guillaume. Lucien était alors âgé de plus de 80 ans et j’ai le souvenir qu’il chiquait du tabac et crachait sa salive dans un seau, si bien que, lorsqu’on entrait dans sa cuisine, on avait cette odeur de tabac mâché qui prenait à la gorge. Cette habitation était très exiguë et modeste, une petite cuisine, une petite chambre à coucher et une remise. Mais on y était bien et on y allait souvent.

 

Et pourtant, on a déjà embêté pas mal le vieux Lucien.  

Nous jouions au football dans la petite prairie à droite mais également dans la cour juste à l’avant de la maison. Et quelque fois, le ballon atterrissait dans la vitre des malheureux grands parents Guillaume et c’était un drame …une vitre cassée…Heureusement, mon papa, après nous avoir copieusement engueulé,  réparait au plus vite les dégâts.

Notre petite cour, c'était un vrai paradis pour nous -Jean-Pierre, Anne-Marie, Maurice, Francis Pacolet - et nos copains, une plaine de jeux, un  Walibi : on y faisait des acrobaties en vélo, on y jouait aux billes (avec Francis Goesens notamment),  à « cache-cache »  notamment dans le jardinet à gauche (au grand désespoir de nouveau des grands parents Guillaume). Bientôt, on a commencé à  jouer sur un petit kicker de fortune avec Marc Sohet et Paul Van Hoecke...les temps modernes commençaient... »

 

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Sur son 31, la jeunesse de Vinalmont au début des années 1960. Qui reconnaissez-vous ? Parmi eux, Jean-Pierre Pacolet 

 

Puis, tout s'est emballé : Lucien et Alexandrine nous ont quittés, nous avons déménagé."

La famille Smettin arrive alors vers 1963 dans le "complexe".  La famille était nombreuse avec Emile Smettin, ses frères Charly, Eric, le cousin Jean-Marie  et sa soeur Juliana, celle-là même qui sera championne de Belgique d'accordéon. Claude, le grand frère, deviendra un cycliste reconnu dans la région.  La famille Smettin quittera quelques années plus tard la rue Mottart Laloi pour s'établir rue Quique et gérer le café de chez l' "Quique".

 

Les demoiselles Jamar décèdent bientôt et les maisons deviennent la propriété de la famille Legros , une famille qui revenait d'Espagne dit-on...

 

Et notre peinture dans tout cela? 

L'artiste peintre, c'est Luc Saint Georges,un ami de la maman de Daniel Haid. Luc Saint Georges habite rue Mottart Laloi aussi mais dans la partie de la rue encerclant l'école pour remonter vers la rue Albert 1. Il séjourne dans la demeure actuelle de la famille d’Emmanuel Gillet. Il n'y habite pas seul : il a été hébergé par Emile et Lambert Racoux. Si Emile a été  tailleur de pierre comme tout Vinalmontois, Lambert, lui, était  tailleur de vêtements. Quand son épouse Laure vivait toujours,ils s'étaient même spécialisés dans la confection et la location de costumes de carnaval. Et, commercants hors pair, pour faire marcher les affaires, ils organisaient eux-mêmes, dans leur salle, les plus beaux bals masqués de la région. Et en plus, chez eux, on vendait des chiques et on jouait aux quilles...pour de l'argent. 

Toujours est-il qu' on doit à leur locataire et ami, Luc Saint Georges, la peinture d'une maison du village de Vinalmont que nous a présenté Emile Smettin. Merci Emile.

 

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 Emile Smettin 

 

Il y a 100 ans 

Les souvenirs et nouveaux témoignages de Jean Lecocq, Michel Lemans, Norbert Dubois, Jean-Pierre Pacolet, Emile Smettin, Daniel Massin, Jacqueline Ruisseau-Ledure et Denise Graindorge

 

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Les parties "gauche" (objet de la peinture Luc Saint Georges) et "droite " de l'habitation (maison Massin) avec au centre l'allée qui mène à l'ancienne demeure à l'arrière - Photo M Massin.

 

La maison en face de l'école (le no 8 de la rue Mottart Laloi) est aujourd'hui la propriété de Monsieur Massin. Les batiments qui constituent l"ensemble de la parcelle voisine de chez le Dr Mélotte (ancienne maison Collin) ont été rachetés par Daniel Massin en 1981 à la famille Legros. La maison figurant sur la peinture de Luc Saint Georges est actuellement louée à une charmante ancienne prof. d'anglais. La partie de droite, en regardant la maison de l'école est occupée par Daniel Massin et sa compagne Michèle Bossy, Michèle qui est par ailleurs membre du comité des Spiteux.

Outre ces deux habitations, il y avait autrefois, à l'arrière, une troisième demeure, une maison que l'on ne voit pas à partir du chemin

Mais nous pouvons la découvrir à partir de la photo aérienne que nous a fait parvenir Jean Lecocq, soit une vue d'ensemble du site avec les 3 parties du complexe. Perpendiculairement à la rue Mottart Laloi, on trouve donc la maison que l'on ne voie pas du chemin, celle avec le long toit orangé.



 

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Merci à Jean Lecocq pour cette vue d'ensemble Google earth  avec la maison Mélotte à gauche et donc au centre la maison no7, avec la partie arrière perpendiculaire à la rue (toit "jaune")

 

Cette partie arrière du complexe, la doyenne de Vinalmont, Denise Graindorge, bientôt 97 ans, s'en souvient très bien : elle y a connu vers 1938, une famille Houlmont dont le fils s'appelait Raymond et qui hébergeait un pensionnaire âgé appelé Jules Graindorge.

Cela rejoint les souvenirs d'enfance de Norbert Dubois, l'ex Wanzoulois : il se rappelle que ses grands parents maternels, la famille Graindorge (les parents de Charlotte et Juliette Grandorge) ont eux aussi habité une partie de cette maison.

Et quelques années plus tard... toujours à propos de cette maison au bout de l'allée de la maison du no 8, Jacqueline Ruisseau-Ledure, la fille de Denise Graindorge, la petite-fille de Charles Graindorge et Jeanne Delhamende, nous raconte: 

- Je suis née le 14 mai 1943 et j'ai habité mes 6 premières années au no 7 de la rue Mottart-Laloi (en face de chez Alphonse actuellemment ) à côté de la maison actuelle de Monsieur Massin, le no 8. Je me rendais, presque chaque jour, au n° 8, dans la petite maison au fond de la cour.

A la fin des années '40, cette maison était occupée par Mathilde « Nanet », veuve de Sylvain Daubée. Elle avait perdu son fils Pol (père de Robert Daubée) dans des circonstances dramatiques. En effet, il avait été tué par le train, au passage à niveau de Wanze, en compagnie de Pol Vincent. Leur tracteur, chargé de betteraves, avait été happé par le train.

J'ai toujours en mémoire la toile cirée sur la table, le bol, le sucre, le sirop et la tartine de beurre. L'odeur du café, cuit et recuit sur le coin du poêle, flottait toujours dans l'air.

Mathilde avait des goûts étranges car elle aspergeait son assiette de frites avec du sucre fin.

Le peu qu'elle possédait était toujours rutilant de propreté.

Ensuite, vinrent Olivier (Malaise?) et Arnoldine, laquelle était rebaptisée « Radoline » par André Polet, lorsqu'il était tout petit.

Jacqueline se souvient aussi de la maison où a habité le peintre Luc Saint Georges à savoir la maison Racoux (maison Emmanuel Gillet, au dessus de chez Alphonse Pongo  aujourd'hui). 

- Vu de mes 5 ans, l'atelier de chez Racoux me paraissait immense. Le mardi-gras, les malles, remplies de « costumes de princes », réalisés par Lambert Racoux, me fascinaient. C'était l'univers de ma petite enfance.

Le garde champêtre Joseph Bolly a aussi habité cette demeure du bout de l'allée. 

De 1954 à 1956, c'est un cordonnier, Charles Lecocq, qui occupe la maison au fond de l'allée du no 7, maison à laquelle était annexée des étables. L'épouse de Charles est l'amie de la maman de Michel Lemans : c'est Marie–Thérèse Rasquin-Lecocq. Il y aura 4 garçons dans la famille Lecocq-Rasquin : Bernard, Jean, Dominique et Marc.

Jean Lecocq nous dit :

- Marc, mon petit frère, est né à Vinalmont en mars 1955. Son parrain sera Jean Collin, le voisin vétérinaire. Notre famille est alors partie pour le Canada...

Merci à Michel Lemans et Jean Lecocq pour ces témoignages. 

 

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La maison à l'arrière (photo 1991- YJ)

 

La famille Pacolet habitera alors cette même maison du bout de l'allée de 1956 à 1961. 

 

Dans ses notices du Patrimoine Hutois, M Comanne, l'historien de Vinalmont, fait état d'une porte datée de 1755 avec les initiales AP sur la bâtiment perpendiculaire qui a été habitée par les familles Lecocq et Pacolet. M Comanne fait mention pour l'ensemble du complexe d'une construction du milieu du 18ième siècle (sur base de l'indication 1755 sans doute en partie)

Au départ, l'ensemble du complexe était la propriété des 3 soeurs Jamar. Les soeurs Jamar occupaient elles-mêmes  la partie de droite en regardant de la rue, la maison au poirier (voir aussi la photo aérienne). En 1956, 2 sœurs Jamar y habitaient toujours : Zélie et Elise. Zélie est décédée  en 1957 (ou 1958) et Elise a été hébergée à la fin de sa vie chez Eugène Derclaye.

 

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La maison au poirier ou maison Jamar, Smettin, Legros et aujourd'hui Massin (photo  1991 YJ)

 

La famille Smettin occupera donc cette partie de la maison vers 1963. La petite maison objet de la peinture de dessinée, devenue insalubre, servait pour ranger les vélos et d'atelier et certains des bâtiments à l'arrière étaient utilisés comme remises. (merci à Emile Smettin pour sa contribution et l'idée originale )

La famille Legros succédera à la famille Smettin. Et donc maintenant c'est Daniel Massin et sa compagne qui occupent cettte partie droite de l'habitation. La boucle est bouclée.

 

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Entrée vers la maison au poirier -Photo 1991 (YJ) 

 

La partie de gauche sur la photo aérienne (ou en regardant de l'école ) a donc été longtemps été inoccupée avant sa réhabilitation complète par M Massin. Cette bâtisse a cependant une longue histoire. Elle aurait été une forge selon Daniel Massin : « Marcel Pacolet m'avait raconté qu'en des temps reculés, la maison de la peinture était l'atelier d'un maréchal-ferrant. D'où la présence des 3 arcades pour faire entrer les chevaux. A l'intérieur de la maison existe toujours une goulotte qui permettait de tirer l'eau dans le puits contigu pour abreuver les bêtes.

 

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La partie gauche de l'habitation (maison Guillaume) avant réhabilitation et l'allée qui mène vers la maison et les granges-étables  à l'arrière (photo D. Massin)

 

Jean Lemans confirme : « Je crois que c'est mon grand père Marcel Lecocq qui me l'a dit... C'est la disposition des deux encadrements de porte juxtaposés que j'ai vue à d'autres endroits qui confirment la chose. Une porte est prévue pour l'accès au travail qui servait à maintenir le cheval en place et l'autre porte est nécessaire pour le passage des hommes ».

Dans la seconde moitié des années 50, Jean-Pierre Pacolet se souvient que cette petite maison « de devant » à gauche était louée à une famille avec 3 ou 4 enfants dont la maman s’appelait Christiane…. Cette famille possédait...une roulotte qui était stationnée le long du mur à gauche. Et il ajoute : «  Ces personnes ont déménagé à Marchin et ont été remplacées par Lucien et Alexandrine Guillaume, les grands parents de Monique et Robert Guillaume".

Et donc aujourd'hui fin de l'histoire pour cette partie gauche du complexe avec une sympathique prof d'anglais à la retraite, Mme Hanquenne, dans un bel écrin de verdure et une maison rénovée.

 

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 La partie droite réhabilitée par Monsieur Massin: une ancienne forge ? (photo D Massin )